Ces prisonniers américains qui abattent des arbres en rythme l’ignorent sans aucun doute mais, parce qu’ils chantent, leurs muscles ont moins d’effort à faire. C’est ce que vient de démontrer une équipe de l’université de Gand et de l’Institut Max Planck de Leipzig grâce à une soixantaine de volontaires. ‘La musique n’est pas un simple accompagnement, elle est intégrée à l’effort ».
La musique est connue pour être capable de réduire l’effort perçu nécessaire lors d’activités physiques exténuantes.
Mais jusqu’alors, on pensait que l’influence de cette modulation était due à l’effet distrayant de la musique, les sportifs étant par exemple moins concentrés sur les sensations corporelles, en partie désagréables, qui accompagnent la réalisation d’exercices épuisants». En réalité, les bénéfices de la musique vont bien au-delà.
Avoir le rythme dans la course.
Dans cette étude, les volontaires devaient tantôt effectuer des exercices en écoutant la musique de fond diffusée par des haut-parleurs, tantôt générer eux-mêmes de la musique en faisant les exercices sur des appareils reliés à un générateur de sons. Leur consommation d’oxygène était simultanément évaluée grâce à un masque. Les données enregistrées montrent que la force déployée n’est pas différente dans les deux situations, constatent les chercheurs, donc la sensation de moindre effort perçue par les individus n’est pas due à un effort qui serait effectivement moins important. Le plus étonnant: c’est la puissance de cet effet! L’intensité perçue de l’effort diminue de moitié dès les 6 premières minutes.
Il y a bien une consommation d’oxygène diminuée lorsque l’on produit de la musique en faisant l’effort au lieu de se contenter de l’écouter, autrement dit les muscles consomment moins d’énergie. Notons qu’écouter de la musique n’est pas complètement inutile, physiologiquement parlant, puisque d’autres études avaient aussi retrouvé ce meilleur rendement musculaire chez des coureurs à la fin des années 1990. Peut-être, parce que les participants sont plus relaxés. Mais l’effet est plus prononcé avec un feedback musical. Nous pensons que cela vient d’un contrôle émotionnel moteur.
L’explication est donc bien physiologique. « L’effet de la musique, concluent les chercheurs, est multiple. Une part peut être due à l’effet apaisant de le musique qui conduit à une réduction de la tension musculaire et une oxygénation plus efficace». A moins qu’il ne s’agisse, spéculent-ils encore «de l’illusion du sportif qu’il produit lui-même la musique en réalisant son effort».
Les joggeurs qui se surprennent parfois à régler leur foulée sur le rythme de la musique vivraient-ils une hallucination corporelle, musculairement plus rentable, sans le savoir?